Les Derniers jours de l’Humanité sont depuis longtemps posés sur ma
table de chevet. C’est un texte qui m’embarrasse, m’intimide, la
puissance et la force qu’il recèle m’ont longtemps empêché de sauter le
pas, celui du passage à la scène.
Et puis, il y a les circonstances, les rencontres qui font que…
Max Aub revendiquait un théâtre de circonstance, un théâtre qui
accueille le temps présent, fusse-t-il condamné à vieillir très vite. Il
en va de même pour Karl Kraus : « Mes lecteurs croient que j’écris pour
le jour parce que j’écris à partir du jour. Je dois donc attendre que
les choses dont je m’occupe aient pris de l’âge. A partir de ce
moment-là, elles recevront peut-être une actualité. » C’est l’idée qui
m’occupe depuis quelques années avec le projet des Chroniques, un
théâtre qui saurait, à l’encontre des conditions actuelles de
productions, accueillir le temps présent, faire la place à la rencontre
intempestive, inattendue, à l’instant.
Je disais donc, il y a les circonstances.
Celles d’une crise qui risque d’être l’une des plus graves depuis 1945.
L’Europe fait face aux ambitions diplomatiques et territoriales de la
Russie et de son dirigeant, obligeant ainsi l’Europe de ce fait à
s’affirmer enfin comme une réponse possible aux accents patriotiques et
nationalistes qui semblent surgir d’un autre âge, qui s’incarnent à la
fois par des actes et des discours. Kraus est une voix qui appelle à la
vigilance, qui convainc de lâcheté quiconque ferme ne serait-ce qu’un
œil durant un seul instant devant la moindre manifestation de
l’injustice, de l’arbitraire et de la corruption, et il mérite qu’on
l’écoute et qu’on reconnaisse sa force.
Je disais aussi, il y a les rencontres.
Intuitivement, je savais qu’il me faudrait un plateau très particulier
pour monter Les Derniers jours de l’Humanité. Une troupe, un groupe, un
collectif, une assemblée singulière, jeune mais avec une histoire, et,
qui, dans tous les cas, casserait mes habitudes de travail. Je l’ai
rencontré. C’est le collectif Zavtra. Ils sont quatorze, ils sortent de
l’Académie de Limoges. J’ai fait leur connaissance lors de circonstances
exceptionnelles, et nous avons travaillé ensemble quelques heures.
Quelques heures seulement mais d’une intensité telle qu’une évidence
s’est faite jour, un désir mutuel de poursuivre une aventure commune.
Nicolas Bigards
PRODUCTION : MC93, Maison de la Culture de la Seine-Saint-Denis – Mains d’Œuvres – En Passant / Compagnie Nicolas Bigards.
Avec les soutiens de la Région Île-de-France, du Fonds d’Insertion professionnelle de l’Académie (École Supérieure Professionnelle de Théâtre du Limousin), de la DRAC et de la Région Limousin.
Avec l’aide de la Spedidam - La Spedidam est une société de perception et de distribution qui gère les droits des artistes interprètes en matière d’enregistrement, de diffusion et de réutilisation des prestations enregistrées.
Nicolas Bigards est artiste associé à la MC93 et en résidence de création à Mains d’Œuvres.
Mains d'Œuvres
1 rue Charles Garnier
93400 Saint Ouen
Métro : Pte de Clignancourt (4) - Garibaldi (13)
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